Daraj (Photo : Keystone-ATS)

Daraj, un media qui se réinvente pour survivre au Liban

Trouver de nouveaux modes de financements est devenu un enjeu essentiel pour les rédactions du monde entier. Quelques clefs d’innovation sont à aller chercher auprès des médias indépendants évoluant dans des contextes de pression politique. C’est le cas du média libanais Daraj qui, depuis 2017, réinvente son modèle d’entreprise de façon innovante.

« Innover c’est survivre », c’est dans ces termes qu’Alia Ibrahim, co-fondatrice du pure-player Daraj, pose la question du modèle économique des médias indépendants au Liban. Ce sont les pressions politiques et culturelles de grandes puissances comme l’Iran ou l’Arabie Saoudite qui ont poussé cette ancienne journaliste de télévision à lancer avec deux collègues le projet Daraj.

La projet de Daraj est simple :  répondre aux attentes de la jeunesse arabe qui ne se reconnait pas dans l’offre disponible. L’arabe est la langue dont la croissance en ligne est la plus rapide et ses locuteurs représentent environ 6 % de l’audience internationale en ligne. Pourtant seuls 2 % des contenus numériques sont en arabe. La demande est donc là et Daraja compte bien y répondre. 

A l’occasion de son deuxième anniversaire, la rédaction de Daraj est revenue sur les raisons de son lancement

Mais vouloir développer un média indépendant dans un contexte de pression politique et morale comme celle du Liban, c’est rendre impossible les relations avec les entreprises locales et les annonceurs traditionnels attachés au pouvoir en place. L’innovation devient donc une condition sine qua non à la viabilité du média qui doit aller chercher des ressources dans d’autres secteurs.

Autre exemple de collaboration, le projet Pegasus mené par des journalismes de Daraj et de l’ICIJ

La journaliste ne se fait pas d’illusions. Si Daraj a pu prouver sa viabilité et l’intérêt du public pour ses contenus pendant ses 5 premières années d’existence, il faudra que le journal change d’échelle dans un futur proche pour s’assurer une viabilité sur le long terme. « Nous sommes partis d’une échelle locale mais Daraj ne survivra pas sans s’agrandir. C’est indispensable. Si nous ne parvenons pas à réaliser nous-mêmes cette transition, un autre média prendra notre place. »

Par Etienne Daman

Crédit Photo : Keystone ATS

Ce travail journalistique a été réalisé pour le cours “Production de formats journalistiques innovants”, dans le cadre du master en journalisme de l’Académie du journalisme et des médias (AJM) de l’Université de Neuchâtel.

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